Exception culturelle année zéro
4 septembre 2012 par Pascal Rogard - audiovisuel, spectacle vivant
Il se confirme que l'exception culturelle a vécu et que le ministère de la culture et de la communication devra comme les autres secteurs non prioritaires se serrer sérieusement la ceinture.
Tous les artistes, auteurs, techniciens qui pensaient naîvement que le nouveau gouvernement favoriserait un essor culturel vont goûter les fruits secs du désenchantement car à peine les lampions de la campagne éteints ,les budgétaires ont pris le pouvoir et aucune politique même celles qui réussissent comme le soutien au cinéma ne semble devoir résister à leur voracité.
Le CNC qui subira une lourde ponction sur sa trésorerie devra sacrifier son ambitieux plan de numérisation des oeuvres au risque de compromettre avant même qu'elle ait commencé la mission confiée à Pierre Lescure pour créer les conditions d'une adaptation de l'offre cinématographique et audiovisuelle au développement de l'internet.
Il n'est pas sûr non plus que la numérisation des petites salles indispensable pour assurer l'accès le plus large possible aux oeuvres ne soit aussi sacrifiée.
Au dessus de France Télévisions une forte dépression est annoncée au point que les dirigeants syndicaux de l'entreprise en sont réduits à mendier le rétablissement de la publicité après 20h au risque de déstabiliser un système audiovisuel gangrené par la crise économique, la création de nouvelles chaînes et la ponction opérée par les opérateurs Internet délocalisés.
Du coté du budget du Ministère lui même, la météo est à l'orage et seul peut-être le spectacle vivant sera épargné suite à la visite de François Hollande en Avignon.
Ainsi dotée de moyens fortement réduits et plombée dès son entrée en scène Aurélie Filipetti qui ne mérite pas un tel traitement devra convaincre qu'il existe encore une politique culturelle.
Je lui souhaite bien du courage .
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Commentaires (4)
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Bonsoir,
La richesse du CNC a conduit à trop dérives, et peut-être la crise sera-t-elle enfin l’occasion de mettre un peu d’ordre dans l’effort public. Assez de gaspillage. Dans le domaine que je connais le mieux et que vous citez dans votre article (la numérisation des salles), j’ai quand même pas mal de commentaires à faire:
– la numérisation de nombre de salles de cinéma a été financée par le CNC alors que notre société ou des sociétés concurrentes se proposaient de remplir cette mission dans le cadre d’un modèle économique viable et éprouvé ! Nous nous sommes retrouvés à de nombreuses reprises face à des clients potentiels qui m’expliquaient que c’était plus confortable et facile d’aller chercher des subventions… Un gaspillage sans nom de l’argent public là où le secteur privé était capable d’assurer la couverture des besoins. Cet argent n’est pas allé à la création, ou à la numérisation des archives, c’est stupide et irresponsable.
– le CNC finance des devis d’équipement des salles à des prix manifestement surévalués, avec tout ce qu’on peut imaginer comme perversions. Aucun contrôle, aucun « benchmark » pour utiliser un terme anglo-saxon, l’argent est dépensé avec un laxisme affolant et dans un climat d’irresponsabilité scandaleux.
– des sommes ridiculement élevées dépensées depuis trois ans pour mettre en place une « base de données » des équipements de projection, qui n’est toujours pas à ce jour opérationnelle alors que tous les laboratoires (dont le notre) en ont déjà mis en place. Pas de sanction, pas de remise en question des méthodes, juste une obstination à faire des bêtises et à aller dans le mur.
Il serait temps de mettre en fin à l’irresponsabilité qu’a permis une manne financière dont le montant est considérable à l’échelle de la valeur ajoutée économique de notre secteur. Nous avons tous une responsabilité de citoyens à faire cesser cette incurie au lieu de défendre bec et ongles la persistance d’un système qui s’il continue ainsi va droit à la faillite. Pour être défendable, il faut être irréprochable.
Je suis à votre disposition pour en débattre.
Bien à vous
Je ne suis pas un spécialiste de la numérisation des salles.Il m’est donc difficile
de répondre sur cette question que vous semblez bien connaître .
Il y a peut être des errements dans la gestion du Cnc mais globalement le système à fait de notre cinéma le premier d’Europe et l’exploitation et la production se portent bien.
Évitons de jeter le bébé avec l’eau du bain même si certains ajustements sont nécessaires .
Il ne s’agit bien sûr pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Mais vu de ma fenêtre (et les conversations que je peux avoir ici ou là vont dans le même sens), que de gaspillage ! Ce n’est pas le principe de l’existence de mécanismes d’aide au cinéma que je mets en cause, mais leur gestion. Comme dit l’expression bien connue: « Dieu est dans les détails ». Or à force de négliger les détails et laisser faire n’importe quoi, on en est arrivé à de véritables aberrations. Il est temps de remettre tout cela à plat, dans l’intérêt même de la filière cinématographique française. Cette secousse en est l’occasion. Que les yeux s’ouvrent enfin, et que les langues se délient !
Question à Jean Mizrahi
A moins que je n’ai pas bien compris quel était votre « business model » je ne vois pas en quoi un financement par le CNC ou une collectivité locale empêcherait un exploitant de travailler avec vous ?
Tout à fait d’accord avec vous sur la nécessité de clarifier la question.
Cordialement.
Lucien Véran. Aix Marseille Université.