La sagesse du président
14 décembre 2006 par Pascal Rogard - Weblog
Le président de la commission européenne José Manuel Barroso a confirmé que ses discours en faveur de la diversité culturelle n’étaient pas de vaines paroles.
Sa décision de s’opposer au commissaire Mc Creevy et de reporter l’examen du projet de recommandation sur la copie privée me rappelle le combat pour l’exception culturelle qui avait vu en 1993, Jacques Delors exprimer son refus de rallier les positions de Sir Léon Brittan qui souhaitait formuler une offre de libéralisation des services audiovisuels dans le cadre de la négociation du GATS.
Les réactions indignées de lobbies industriels sont à la mesure des espoirs qu’ils fondaient sur une recommandation dont l’objectif apparaît désormais clairement : déstabiliser les régimes de copie partout où ils existent en jetant la suspicion sur les sociétés de gestion collective et en prétendant qu’ils créent des distorsions sur les marchés des supports d’enregistrement et sont contraires à la directive européenne récemment transposée en France dans le cadre de la loi DADVSI.
Il s’agissait évidemment de nourrir par cette recommandation les actions juridiques menées par les fabricants pour contester le bien-fondé des perceptions. Le recours au Conseil d’Etat qui vient d’être déposé par le simavelec contre la dernière décision de la commission de la copie privée éclaire parfaitement cette stratégie.
Les industriels ont d’ailleurs immédiatement annoncé qu’ils allaient multiplier des plaintes dont la DG marché intérieur s’assurera évidemment qu’elles pourront prospérer.
La collusion est évidente et témoigne et d’un profond mépris de l’intérêt général.
Heureusement, José Manuel Barroso a su comprendre l’importance de l’enjeu culturel pour donner à la construction européenne une dimension à la hauteur des exigences humanistes des citoyens qui la composent.
Du fait de cette hauteur de vue, aucun nuage n’assombrira la cérémonie de ratification de la convention sur la protection et la promotion de la diversité culturelle qui a permis à une Europe Unie pour défendre la création de rallier la quasi-totalité des pays membres de l’Unesco autour de cette idée simple: la culture n’est pas une marchandise.
PS: je pensais que le Financial times était un journal économique sérieux. En reprenant les chiffres erronés et mensongers sur les montants de la copie privée en France, il démontre qu'il n'est que le porte parole quasiment officiel des lobbies industriels réunis au sein de l'EICTA. Minable.
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