Au château d’Argol
25 décembre 2007 par Pascal Rogard - Weblog
Grâce à l'académie des arts et techniques du cinéma, il est possible de partir en vacances avec une belle provision de DVD pour effectuer la saison de rattrapage de l'année cinématographique 2007.
A regarder la longue liste des titres de films français, on ne peut qu'être consterné par l'inexistence médiatique de beaucoup d'entre eux et pris par le désir de découvrir au milieu de ces inconnus qui ne seront jamais illustres la beauté incandescente qui nous emportera.
Mais avant tout grâce à l'avance rapide, il faut éliminer tous ceux qui par paresse, manque de moyens, désespoir font figurer tout au long de leur histoire le cruel bandeau de l'académie, destiné à éloigner pirates et contrefacteurs.
Moins de DVD et donc plus de lectures au coin du feu, en compagnie de la littérature qui évite les plateaux de télévision, les micros et les prix.
Julien Gracq né et mort à Saint Florent le vieil fera encore rêver des générations de lecteurs attirés par le château d' Argol, l'ile de Vezzano ou les instances secrètes de la ville d'Orsenna.
" Dans le silence de la nuit, au delà des murs nus, des bruits légers montaient par intervalles de la ville basse, bruit de l'eau qui coule, roulement attardé d'une voiture lointaine - distincts et pourtant intriguants comme les soupirs et les mouvements d'un sommeil agité, ou les craquements inégaux des déserts de rochers que le froid de la nuit contracte ; mais dans ces hauts quartiers nourris d'altitude et de sécheresse les pans durement coupés de la lumière bleuâtre et laiteuse collaient à la pierre comme une peinture et n'avaient pas un cillement. Je marchais le coeur battant, la gorge sèche, et si parfait autour de moi était le silence de pierre, si compact le gel insipide et sonore de cette nuit bleue, si intriguants mes pas qui semblaient poser imperceptiblement au dessus du sol de la rue, je croyais marcher au milieu de l'agencement bizarre et des flaques de lumière égarantes d'un théâtre vide - mais un écho dur éclairait longuement mon chemin et rebondissait contre les façades, un pas à la fin comblait l'attente de cette nuit vide et je savais pour quoi désormais le décor était planté ".
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