La culture à l’ère numérique

3 novembre 2009 par Pascal Rogard - économie numérique

Alors que Patrick Zelnik,Guillaume Cerruti et Jacques Toubon planchent sur les meilleurs moyens de favoriser le développement de la création française sur Internet , le ministère de la culture et de la communication a publié une passionnante étude réalisée sous la direction d'Olivier Donnat sur les pratiques culturelles des français à  l' ère numérique.

Une étude qui analyse le grand chambardement introduit par le fait que plus de la moitié des français disposent d'une connexion à haut débit et que plus d'un tiers d'entre eux utilisent l'internet tous les jours à des fins personnels.

Eléments essentiels à retenir de l'étude :

"Les jeunes et les milieux favorisés sont les principaux utilisateurs de l’internet et des nouveaux écrans, à la différence de la télévision dont la consommation a toujours été plutôt le fait des personnes âgées et peu diplômées. La profonde originalité de l’internet tient dans ce paradoxe : bien qu’utilisé très largement à domicile – les connexions sur appareils nomades restant à ce jour limitées –, ce nouveau média apparaît plutôt lié à la culture de sortie dont sont porteurs les fractions jeunes et diplômées de la population, celles dont le mode de loisir est le plus tourné vers l’extérieur du domicile et dont la participation à la vie culturelle est la plus forte.

La situation actuelle est par conséquent radicalement différente de celle des années 1980 ou 1990 où la culture de l’écran se limitait pour l’essentiel à la consommation de programmes télévisés. En effet, si une forte durée d’écoute de la télévision était en général associée à un faible niveau de participation à la vie culturelle, il n’en est pas du tout de même pour l’internet qui concerne prioritairement les catégories de population les plus investies dans le domaine culture l: ainsi, la probabilité d’avoir été au cours des douze derniers mois dans une salle de cinéma, un théâtre ou un musée ou d’avoir lu un nombre important de livres croît-elle régulièrement avec la fréquence des connexions.

Au jeu des gagnants et perdants de cette ère numérique, on notera la continuité du recul de la presse, du livre et de la radio ,la stabilité globale de la télévision, mais avec un recul chez les jeunes, la stabilité des équipements culturels avec un bon point pour le cinéma et le spectacle vivant et le développement de contenus culturels autoproduits et diffusés grace aux nouvelles technologies.

Echec grave de la démocratisation culturelle : « un quart des Français n’ont fréquenté dans l’année aucun équipement culturel : ils ne sont allés ni au cinéma ni dans une bibliothèque, n’ont assisté à aucun spectacle vivant et n’ont visité aucun lieu d’exposition ou de patrimoine. La plupart d’entre eux cumulent tous les handicaps en matière d’accès à la culture et manifestent très peu d’intérêt pour la culture en général : ils lisent peu de livres, écoutent rarement de la musique, les trois quarts d’entre eux n’ont jamais utilisé l’internet et leur mode de loisirs reste largement centré sur la télévision ».

Au delà des paillettes du ministère,sa mission première démocratiser l’accès à la culture reste donc une ardente nécessité et le chantier du futur.

Pour le présent, je tiens à saluer l’initiative citoyenne de la FNCF qui a demandé à toutes les salles de cinéma d’éteindre leurs enseignes le mercredi 4 Novembre de 18h à 19h.

Pour cette contribution éminente au succès du sommet de Copenhague qui devrait inciter les politiques de tous les pays à adopter les mesures urgentes permettant de préserver notre environnement, je dis merci à tous les exploitants de France.