Le train fantôme
31 janvier 2011 par Pascal Rogard - audiovisuel
Les professionnels du cinéma et de l'audiovisuel ont une incroyable capacité à monter dans le train fantôme pour se faire peur et en général aller se blottir dans les bras des pouvoirs publics.
Le rapport du club des 13 dont la notoriété médiatique est nettement supérieure à la justesse des analyses dénonçait en son temps les risques d'atteinte à la diversité du cinéma français en raison de la progressive disparition des films dits du milieu et d' une uniformisation générée par les financements audiovisuels.
Ces analyses donnèrent lieu à moult concertations, puis à des propositions tendance "prisonnière espagnole" renforçant le soutien aux producteurs indépendants, propositions à la mise en oeuvre longtemps différées grâce à la ferme volonté de Frédéric Mitterrand et de Véronique Cayla de lier l'amélioration du role du couple auteurs/producteur à l'application de définitions et d'un contrôle assurant enfin la transparence des comptes des sociétés de production.
Cet exercice de salubrité cinématographique est encore limité aux rémunérations non obligatoires prévues après amortissement et ne concerne pas la rémunération proportionnelle obligatoirement due aux auteurs .
La transparence au niveau du secteur de la production est donc une longue marche, mais ne chipotons pas sur le premier pas accompli dans la foulée du rapport de René Bonnell qui permettra la mise en oeuvre des mesures prévues dont la plus importante pour les auteurs, la création d'une aide automatique à l'écriture est le fruit non des travaux des 13, mais d'une demande forte formulée par les représentants des auteurs Arp,Sacd, Ugs,et Srf.
L'ironie de cette histoire de films du milieu est qu'au moment où le gouvernement s'apprête à publier les mesures censées éviter leur disparition, le CNC constate qu'en 2010 leur production ne s'est jamais aussi bien portée, le nombre total de films produits s'établissant à 260 avec une forte augmentation des budgets compris entre 4M€ et 7M€ qui passent de 27 à 46 films.
Il s'agit sans doute d'un effet placébo l'éventualité de mesures nouvelles ayant redonné de l'oxygène aux futurs disparus.
Le débat sur la télévision connectée organisé par la Sacd et la Scam au Fipa aurait pu aussi tourner à la visite des attractions de fêtes foraines .
Heureusement,l'ensemble des intervenants et en particulier Thomas Valentin vice président du directoire de M6 ont bien situé les enjeux financiers et surtout rappelé que la télévision linéaire avait continué à voir son audience progresser.
La télévision connectée est certes un enjeu du futur , mais à la différrence de la piraterie pour la musique, elle ne sera peut-être jamais une " Etrange créature du lac noir " dévorant les recettes des opérateurs régulés et donc affaiblissant la création.
Depuis les débuts du cinéma, le frisson est un genre qui a acquis ses lettres de noblesse tout en remplissant les tiroirs caisses.
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