Rien n’est jamais vraiment gratuit
4 octobre 2011 par Pascal Rogard - économie numérique
La Sacd a publié sur son site un échange de correspondances avec Martine Aubry au sujet de l'application de l'application de la loi création et internet créant l' Hadopi et de la volonté de la candidate à la primaire socialiste de mettre en place un système de licence globale.
Un tel système légaliserait les échanges entre particuliers sur Internet en contrepartie d'une contribution forfaitaire d'un ou deux euros par mois.
Le périmètre de cette licence est encore flou : si la musique y est incluse, le sort du cinéma n'est pas tranché. Quant à l'édition littéraire, elle est clairement exclue de la mesure ce qui conduit à s'interroger sur les raisons conduisant à ne pas faire bénéficier la littérature d'un régime censé être tellement bénéfique pour la création.
La réalité est qu'au pied du mur, ceux qui ont si mal conseillé la candidate deviennent hésitants et que le principe de réalité rappelle à tous que l' environnement international du droit d'auteur ne permet pas de faire n'importe quoi, surtout pas de décréter une expropriation du droit d'autoriser ou d'interdire les exploitations.
De con coté François Hollande après avoir semblé prendre des positions aussi radicales que sa principale compétitrice recadre son discours en affirmant à Libération ce matin que l' "on ne peut pas s'en tenir à des solutions faciles comme le fait de payer deux euros par mois pour une licence globale." Et d'ajouter: "Rien n'est jamais vraiment gratuit, il y a toujours des gens qui gagnent et ceux-là, on les connait".
François Hollande veut aussi dépénaliser le téléchargement revenant ainsi aux principes fondateurs de la réponse graduée dont l'objectif est de substituer la pédagogie à la répression. Ce principe a été modifié à la suite de la décision du Conseil constitutionnel de faire renvoyer les internautes récidivistes devant le juge judiciaire.
Cette évolution montre qu'il n'est pas inutile de dialoguer et d'expliquer que si la création a besoin d'un fort soutien politique, elle ne souhaite pas pour autant que l'on fasse son bonheur malgré elle ou qu'on la berce d' illusions.
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Commentaires (9)
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Vous êtes bien gentils avec vos sotties pédagogico-répressives. Je fais comment pour aller voir des films moi ? A chaque fois que j’essaie d’acheter un ticket ou un dvd j’ai Christine « Anéfé » et Franck « défavorable » qui me reviennent en mémoire, et moi je peux pas, je repose le DVD, je m’éloigne du cinéma.
Je me sort comment de ce blocage éthique là ?
Ça me fait pareil pour la musique, et ça dure depuis trois longues et pénibles années. Merci les artistes.
Au moins François et Martine essaient de sortir de cette logique c…e d’affrontement entre le divertissement et le public, vous vous proposez quoi à part l’abandon du secret des communications privées (ex secret postal) ?
Un ex spectateur très aigri.
C’est pourquoi notre priorité est le developpement d’une offre légale actuellement insuffisamment attractive.
Une offre légale, une vraie ?
Avec un vrai catalogue (pas seulement 300 merdes surformatées ?), en HD (RAW PNG) avec des films en VOST (non parce que franchement les doublages en France c’est pas vraiment ça) correctement traduits (où on ne boit pas du jus de pomme jaune bière qui mousse dans des choppes) compatible avec les standard (notamment du W3C) ? Sans DRM ? Accessible quel que soit l’OS (Windows, IOS, Linux (Android=linux), BSD, Solaris…) ET pas plus cher qu’en DVD ?
Plus sérieusement j’ai deux cinémas à mois de dix minutes de transport en commun, il y a plusieurs boutiques avec un choix respectable (y compris en revente) dans un rayon de 500 m autour de mon lieu de travail.
Hormis les quelques incantations en bash que auxquelles j’ai dû procéder sur mon ordinateur pour lire des DVD j’ai du matériel compatible. Et j’ai même un budget suffisant pour calquer 50 € ou 60 € en culture tous les mois. Malgré ça à chaque fois que j’essaie d’acheter un film la simple idée qu’une infime partie de ma dépense va financer des zélateur d’hadopi &cie me révulse encore assez pour que j’abandonne l’idée d’acheter.
Avant de sortir une offre légale il va falloir recoudre les plaies et colmater la déchirure entre l’offre et la clientèle et pour moi, ça passe par une mise au rebus de l’HADOPI (au moins).
Toujours le même ex spectateur très aigri.
« Licence to kill ».
Il me semble urgent de faire s’exprimer tous les candidats de 2012 sur la ou les formes que pourrait prendre selon eux une offre légale soutenable. D’une licence universelle (toutes les oeuvres pour une consommation illimité avec droit de copie et de partage sans contrainte ?) à un modèle de pures transactions privées à prix différenciés et droit limité à la copie privée. En gros d’une gestion collective massive à une gestion individuelle des droits ou toute combinaison des deux.
D’un autre coté les SPRD seront elles cette fois sur un même discours ou entre celles qui géreraient bien une partie de la manne nouvelle et celles qui pour des raisons à creuser préfère le modèle actuel (qui est déjà mixte) va-t-on se déchirer comme à l’ère anté-hadopienne ?
Une question(un peu ancienne) la SACD n’aurait-elle rien à gagner à se retrouver gestionnaire d’une partie des sommes perçues ?
Bonne journée.
Lucien Véran.
Université Paul Cézanne – Euromed Marseille.
Oui nous les ferons s’exprimer
Pour le Cinema et l’audiovisuel avant d’encaisser de nouvelles rémunérations il faut financer les œuvres nouvelles et c’est le plus important.
Je ne vois pas en quoi ce serait au public de financer, via des contributions étatiques, les oeuvres nouvelles! Et de payer ensuite pour les voir?!!
Pour le reste, Hollande malgré sa dynamisation de facade (il a bien maigri!), donne surtout l’impression de retomber dans l’indécision qui lui avait valu le doux surnom de « Flamby » quand il était secrétaire général du PS.
Au moins avec Aubry on a un peu plus l’impression de trouver une Merkel qui ne se laisse pas trop influencer par les lobbys.
Son seul véritable problème, à mon sens, c’est de savoir si la france est prête à élire une présidentE.
Mais après tout, si elle se montre plus couillue que bien des hommes… ne vous en déplaise…
Je vous laisse soutenir la candidate de vos rêves .
Je comprends votre peur quand vous dîtes :
« Un tel système légaliserait les échanges entre particuliers sur Internet en contrepartie d’une contribution forfaitaire d’un ou deux euros par mois »
Les échanges entre internautes ne devrait couter que le prix de la communication. Vous avez donc raison. La licence globale est loin d’être une solution parfaite.
Revenons donc en arrière (c’est-à-dire dans le présent) et rêvons : et si aujourd’hui les échanges entre internautes ne coûtait réellement que le prix de la communication, sans contrepartie supplémentaire ? Et si les FAI, comme la Poste, se contentait de faire le travail pour lequel ils sont payé : transporter l’information d’un point A à un point B. Il ne serait pas question de vérifier son contenu entre temps (comme l’on fait toutes les dictatures à travers les âges), juste de la transporter. Alors là, les échanges entre internautes ne couteront que le prix de la communication. (je passe le chapitre sur le marché de l’information personnelle et de son importance économique).
Donc évidemment, Hadopi a bien moins de légitimité qu’une licence globale. Et je vous remercie de le faire publiquement comprendre en filigrane dans ce billet.
Toutefois, je comprends bien le fonctionnement, comme j’ai compris dans votre phrase : « Un tel système légaliserait les échanges entre particuliers sur Internet en (…) » qu’il y a un nombre de chance raisonnable que vous ne dîtes pas que l’utilisation d’internet (qui fonctionne sur un « échange » de données) doive être illégale. (Quoique tout d’un coup, j’ai un doute…) En fait, vous êtes juste assez fainéant pour vous dire que « pa besou1 d’etre préci, y comprendront ce qe je veux dire 100 que je le dise ». C’est tout de même assez regrettable comme méthode, reconnaissez-le, et trahis assez bien quelques réflexes de pensées qui sont sans doute les mêmes qui ont aboutis à Hadopi (si moins de gens ont internet, il y aura moins de transit de fichiers piratés).
Post-Scriptum : mais j’aime aussi beaucoup être payé pour ne rien faire.
Vous n’avez pas pensé à faire surveiller les lignes de chemins de fer les réseaux de bus, les lignes aériennes ou encore les autoroutes ? en effet, pas mal de consommateurs Français circulent avec du contenu illégal sur ces réseaux. À la louche je dirais qu’au 500 millions d fichiers illégaux circulent sur les voies de transports, mais aussi la voix publique! Tout ça créant un manque à gagner irréversible pour la création Française et les artistes.
Ah, non, c’est vrai,HADOPI se contente de surveiller les Français dansla sphère privé et de leurs envoyer des mails pour leur dire que leur ligne téléphonique a été piraté.