Le dernier des mohicans

28 mars 2012 par - spectacle vivant

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Le financement du spectacle vivant vient de faire  l'objet d'un rapport dont la destinée est difficile à prédire en cette période électorale propice aux engagements mais peu favorable aux actions concrètes.

Ce qui est sur c'est que le soutien au spectacle vivant n' a pas fait l'objet comme celui à la filière musicale d'une action déterminée permettant de mettre en place de nouveaux outils confortant le développement de la création.

La responsabilité en est partagée entre les pouvoirs publics hantés par le fantôme de la problématique de l'assurance chomage des intermittents et des professionnels divisés en de multiples corporations et baronnies qui ont du mal à raisonner hors du cadre traditionnel des financements publics ceux de l'Etat et des collectivités locales alors que la situation budgétaire réclame des solutions nouvelles.

C'est d'ailleurs dans cette voie que s'est engagée la mission confiée à Serge Dorny, Jean Louis Martinelli, Hervé Adrien Metzger et Bernard Murat .

Après avoir pointé de graves lacunes dans l'observation des activités du secteur ainsi que la faiblesse de la diffusion (dans le théatre public le nombre moyen de représentations par spectacle produit est estimé à 24 sur 3 saisons tournées incluses) , le rapport propose la création d'un fonds de développement financé par des ressources extra-budgétaires issues de multiples contributions selon le principe que les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Mais cette stratégie des petits pas bien différente de celle suivie par la mission sur la création musicale risque en réalité de multiplier les oppositions et de ne révéler aucune grande ambition de modernisation d'une politique dont chacun sait qu'elle est à bout de souffle.

Rejoignant l'unanimité des préconisations des professionnels,il est également envisagé une loi d'orientation pour le spectacle vivant permettant de clarifier les objectifs et l'articulation des politiques publiques.

Ce chantier déjà ouvert, puis refermé sans explication par l'administration du Ministère de la culture et de la communication nécessiterait pour progresser un engagement fort dès l'origine des élus qui sont directement impliqués dans la politique du spectacle vivant dont rappelons le pour  presque 70 % des dotations budgétaires proviennent des collectivités territoriales.

Le spectacle vivant  est constitué de disciplines  variées et recèle de multiples réalités car il y a peu de points communs entre le quotidien des grands établissements nationaux  la vie de beaucoup de compagnies indépendantes et celle des théâtres privés.

Du point de vue de l'aide publique les écarts sont considérables : " chaque fauteuil/spectateur vendu est subventionné à hauteur de 60 à 70 € dans les CDN et les théâtres de la ville de Paris, jusqu’à près de 120 € dans les théâtres nationaux, et pour moins de 3 € dans les théâtres privés."

La force du spectacle vivant résulte de son ancrage profond sur l'ensemble du territoire , de l'appétit du public et de la grande diversité de son offre culturelle.

 Sa faiblesse est l'incapacité de sa représentation professionnelle de sortir de schémas dépassés et de proposer une nouvelle donne à la puissance publique.

Le rapport a le mérite même s'il reste très " bien pensant " de proposer des solutions s'échappant des cadres traditionnels,et d'autres voies   même si du point de vue de la création l'objectif fort de créer des générations de nouveaux auteurs  est insuffisamment mis en avant.

A coté des industries culturelles, le théâtre, l'opéra, la danse ,le cirque, les arts de la rue ne doivent pas être traités comme le dernier des mohicans car ils sont au coeur de l'ambition de démocratisation culturelle et de création de lien social.

Le  talent des créateurs qui en font l'expression mérite une politique forte et ambitieuse.

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