Pitoyable Union Européenne
24 avril 2013 par Pascal Rogard - audiovisuel
José Manuel Barroso donne au monde une triste et pitoyable image de l'Union Européenne.
Alors que tout se conjugue pour éloigner ses habitants d'une idée forte devenue le sous produit d'un libéralisme étriqué fabriqué par une technostructure fascinée par les grandes entreprises américaines, le président de la commission contredit toutes ses déclarations sur la culture ciment de l'identité européenne et propose de négocier avec les États Unis un accord de libre échange incluant les politiques culturelles .
C'est exactement le contraire des principes fondateurs de la convention Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles que l'Europe a porté sur les fonds baptismaux puis fait adopter et ratifier par près de 130 États convaincus de " leur droit souverain de formuler et de mettre en œuvre leurs politiques culturelles et d'adopter des mesures pour protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles... "
L' inclusion de la culture dans une négociation commerciale avec le pays le plus intéressé au monde par la dégénérescence des politiques de soutien aux créations nationales est une abdication de ces principes, un reniement, un mensonge, une tromperie, une soumission aux demandes américaines relayant les exigences des majors d' Hollywood telles qu'exprimées dans leur liste de courses adressée à l' USTR.
Cette trahison des valeurs de l'Europe pour les échanger sans retour possible contre des intérêts mercantiles et l'illusion que la libéralisation des échanges créera des emplois signe la décomposition d'une commission Européenne incapable d'offrir des perspectives politiques nouvelles .
Capable, par contre , de détruire ce qui existe en préférant la banque ou le transport maritime aux œuvres de l'esprit.
Capable de ne laisser à ses successeurs aucune chance de bâtir une Europe créative.
Réaction spontanée à cette autodestruction la pétition des cinéastes européens exprime incompréhension, révolte et surtout volonté de résistance .
Rien n'est encore joué .
C'est pourquoi, il est nécessaire qu'appuyant la démarche des États fidèles à l'idéal européen, les créateurs se mobilisent pour faire reculer les collaborateurs des milieux d'affaires.
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Commentaires (3)
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Deux questions.
– N’y a t-il pas un risque de demande d’une autre forme de réciprocité, la discussion étant depuis toujours engagée sur la base d’un concept de culture très large (qui est autant de fait de fait une exception de divertissement) ..Possibilité pour les distributeurs- producteurs US par exemple de bénéficier (même partiellement) du soutien automatique en échange de l’acceptation du système (par exemple pour les films non exportables) ?
– Est-il alors pensable d’isoler dans un accord ce qui serait culturel de ce qui serait divertissement ? Quitte à ce que cela débouche sur une conception à base de quota (horreur !)du type art et essai = culture, le reste = divertissement ?
Bonne journée.
Lucien Véran. Aix Marseille Université. Kedge.
Question 1 réponse oui et c’est pourquoi il est vital de sortir l’audiovisuel et le cinéma du périmètre de la négociation
Question 2 réponse non car il est impossible de tracer une ligne de démarcation claire et opératoire entre les deux types d’oeuvres
Parfaitement clair. Bonne journée.
Lucien véran