Hommes Femmes mode d’emploi

15 juillet 2013 par Pascal Rogard - Weblog

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À  Avignon le plus grand théâtre du monde comme le proclame justement la brochure du Off règne l'effervescence habituelle qui fait se croiser des actrices en tutu et des mousquetaires un portable collé à l'oreille dans une ambiance bon enfant et populaire.

La Sacd y est très présente et les sujets à vif  coproduits  en collaboration avec Hortense Archambault et Vincent Baudriller qui dirigent le Festival font du jardin de la vierge un lieu apprécié où se rencontrent pour une aventure artistique de 30 minutes  des créateurs de différentes disciplines.

Partout les festivals enchantent le public et contribuent à l'attractivité de la France, son rayonnement culturel et ses activités économiques .

C'est pourquoi les coupes effectuées sur les budgets de la culture au niveau de l'Etat et des collectivités territoriales sont un non sens économique .

Le spectacle vivant commence à en ressentir les effets .

Compte tenu de l'inertie des frais de structures ,ce sont les programmations et donc le dynamisme de la création qui est touché.

 Au delà des questions budgétaires ce qui préoccupe d'abord la féodalité du théâtre public c'est la querelle des nominations engagée depuis qu' Aurélie  Filippetti a eu l'incroyable audace de signifier à quelques barons que le temps était venu de céder leur place à de plus jeunes et surtout de féminiser un milieu peu enclin à se moderniser et à s'ouvrir à l'autre sexe .

Bien sûr chaque cas est particulier , mais il est assez cocasse de voir un directeur renouvelé 7 fois réclamer aux bourreaux de Valois un délai supplémentaire de trois ans pour  peaufiner la préparation d'une succession qui était déjà  au menu de son mandat finissant.

La mise en cause par des esprits respectables d'une politique de nomination plus paritaire des responsables du théâtre public témoigne de la persistance de l'idée que dans le spectacle existe une noblesse de robe qui devient  propriétaire de sa charge dès lors que  public et les édiles locaux n'y voient pas d'inconvénients.

De même que certains réclament au nom du droit à la création une exception sociale les affranchissant comme créateurs des règles qu'ils défendent avec l'ardeur des pétitionnaires comme citoyens, de même il est affligeant de multiplier les arguments fallacieux pour  que la politique en faveur de la parité qui est un impératif de société s'arrête aux portes des théâtres publics.

Aurélie Filippetti a su faire preuve de conviction  et de résolution pour mettre en mouvement un indispensable processus de renouvellement et rappeler certaines règles élémentaires en matière d'emploi public.

Elle a des détracteurs qui trouvent des plumes médiatiques complaisantes  relayant leur amertume, mais  pour le service public du théâtre la continuité dans l'immobilisme est mortifère .

Le courage en politique doit toujours être salué sans arrières  pensées quand  il est au service d'une cause juste.

 L'annonce concrétisée par un premier texte soumis à consultation d'un projet de loi sur la création artistique est  l'occasion d'élever le niveau des débats et d'affirmer que la force et la vitalité de la création doivent être relayées par des outils de création et de diffusion adaptés à notre époque  et par le respect des engagements à l'égard de la culture souscrits au plus haut niveau de l'Etat.