L’assiette du voisin
3 décembre 2013 par Pascal Rogard - économie numérique
A peine validée par la commission européenne la taxe sur les service de télévision " distribution " suscite la convoitise de droles de paroissiens en l'occurence celles des producteurs de phonogrammes qui pour s'habiller chaudement avant la période hivernale n'ont rien trouvé de mieux que de tenter de déshabiller la création cinématographique et audiovisuelle .
Aurélie Filippetti qui s 'était réjoui du combat victorieux mené au coté des professionnels du cinéma ne s'attendait surement pas à voir débarquer aussi vite de tels maraudeurs .
Le monde de la musique regarde avec envie le système de soutien géré par le CNC et avec concuspiscence les recettes qui lui sont affectées, mais ce regard sans doute émerveillé devrait le conduire non pas à essayer de détourner les ressources générées par les activités de distribution audiovisuelles mais à construire comme l'a fait après guerre le cinéma un système mutualiste permettant à l'éco-système musical de faire remonter sur la création les ressources de la diffusion.
L'age d'or du CD aurait du être l'occasion de la mise en place d'un tel système qui pouvait utilement s'appuyer sur l'outil que constitue le CNV centre national de la chanson des variétés et du jazz .
Mais l'époque était sans doute plus propice à l'individualisme et à l'égoïsme catégoriel.
Quand la crise fut venue , il devint nécessaire de se blottir les uns contre les autres tout en lorgnant sur des ressources des voisins .
Cette démarche qui ignore la mutualisation interne au secteur et à ses diffuseurs spécialisés est bien loin de l'esprit qui a conduit la profession cinématographique à organiser après guerre autour du CNC une répartition des ressources qui conjugue efficacité et diversité.
Elle montre en tout état de cause que les tentatives de la grenouille pour être aussi grosse que le boeuf en agrégeant le temps d'une étude comme celle de France Créative ce qu'on nomme bizarrement " industries culturelles " sont vaines car la force de la création repose justement sur la diversité des politiques culturelles et leur adéquation à des univers qui semblent se ressembler mais ne s'assemblent pas .
Le monde de la musique doit certainement repenser ses modèles et se doter d'outils juridiques et économiques permettant de mieux répartir la valeur, de donner aux créateurs tous les moyens de s'exprimer et de trouver la plus large diffusion possible .
Imaginer et concevoir cette politique serait une belle ambition qu'il reste à orchestrer.
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