Nuit et brouillard
8 mars 2014 par Pascal Rogard - audiovisuel
Il y a des jours où je pense qu'il ne serait pas inutile qu' Aurélie Filippetti organise à destination des dirigeants de France Télévisions un séminaire de formation aux valeurs du service public.
Cela pourrait d'ailleurs commencer par un traitement analogue à celui infligé à Alex De Large le héros d' Orange mécanique permettant une parfaite désintoxication des règles du marketing télévisuel qui font des téléspectateurs les cibles des annonceurs .
La nécessité de ce traitement de choc m'était clairement apparu lorsque Julien Courbet fut chargé après le vote de la loi censée limiter l'influence du commerce sur les programmes de produire un nouveau type d'émission dénommée télévision du réel.
Ce genre qui est à la fiction ce que détective est au journalisme plonge le public dans des situations réelles jouées par des comédiens.
Au fond pourquoi pas ? si c'est pour éduquer informer ,faire passer des messages civiques tout en distrayant .
Mais là n'est pas le propos car en milieu d'après midi la programmation de France 2 est devenue un exemple de vulgarité et de complaisance faisant passer les aventures de Nabila à Hollywood pour du Bergson.
Les titres des épisodes du jour où tout a basculé parlent d'eux mêmes:
Ma fille vend son corps, L'amant de ma femme me harcèle, On m'oblige à me prostituer, J'ai 15 ans et je veux changer de poitrine, Ma fille est attirée par les femmes, Ma voisine me drague, Ma patronne est folle de moi. etc...
Pénible litanie...
C'est le même sentiment de colère que nous sommes nombreux à avoir ressenti lorsque nous avons appris qu'avec trois semaines de retard France télévision programmait les films d' Alain Resnais Smocking/No smocking à minuit .
Oui minuit heure où tous les chats sont gris.Mais surtout où le téléspectateur jouit d'un juste sommeil .
Quelle insulte à la mémoire d'un de nos plus grands cinéastes dont l'oeuvre immense à marqué des générations de cinéphiles et de plus a été activement soutenue financièrement par le service public.
Il eut pourtant été simple le lendemain du jour de la mort d'Alain Resnais de programmer acte hautement symbolique un de ses films en face de Bienvenue chez les Ch'tis .
Oui mais personne n'a eu l'idée ni le réflexe d'enlever Casino royale destiné à battre en audience le champion français pour rendre l'hommage que France télévisions devait à une des plus grandes figures du cinéma français.
C'est tout simplement incompréhensible et très triste.
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Commentaires (3)
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Merci à vous monsieur Rogard, d’avoir un sentiment de colère face au mépris des chaines » publiques » de télévision.
je me souviens de l’enterrement de mon maitre et ami Claude Santelli, il n’y a pas si longtemps.je me souviens de l’enterrement à Copenhague d’un autre réalisateur de mes amis Gabriel Axel il y a trois semaines, je viens d’apprendre la disparition de celui qui m’a poussé à faire mes premiers courts métrages Alain Resnais… aucun représentant des chaines de télévision n’était présents pour leur rendre hommage,pas un mot. serions nous aussi gênants vivants que morts. ces gens là n’ont seulement pas d’éducation, comment leur faire confiance dans leur « choix » de programmes?
Révons.
Si Arte a fait ce qu’il fallait faire, il semblerait que France2 soit privatisée de fait. Il reste à statuer sur le rôle exact de France5 et de France4. Un rapprochement avec l’INA pour l’une et avec la cinémathèque (ou toute autre formule impliquant par exemple une soirée « films classiques ») pour l’autre aurait de l’allure. Révons un peu.
Bonne soirée.
Lucien Véran.
Aix-Marseille Université.
Pourquoi plus d’argent public et moins de publicité si c’est pour ainsi se comporter.