Un homme en colère
31 mai 2014 par Pascal Rogard - audiovisuel
Après les élections européennes une évidence s'impose l'Union telle qu'elle fonctionne ne satisfait tellement pas les citoyens que ses dysfonctionnements risquent de mettre en cause la belle idée de ses pères fondateurs.
Il devient donc urgent de redéfinir les compétences et surtout de mettre fin à la stupide arrogance des fonctionnaires européens née d'un pouvoir excessif et mal contrôlé.
Le soir du vote Michel Barnier a exprimé sa colère contre les responsables politiques qui accusent l'Union Européenne de tous les maux alors qu'ils ont aussi une large part de responsabilité dans cette perte de confiance.
Mais que ce brillant commissaire humaniste et doté d'un grand sens politique n'a t'il retourné sa colère contre lui même .Sur un sujet de peu d'importance globale mais que je pense assez bien connaitre ses services ont été capables sous l'impulsion d'une ancienne lobbyiste des majors de la musique de rédiger une incompréhensible et stupide directive censée régir les activités des sociétés de gestion collective .
Après avoir passé un dimanche studieux à lire ce texte, j'avoue ne toujours pas en comprendre les finesses et subtilités et surtout les améliorations qu'il apportera au fonctionnement de sociétés indispensables à la juste rémunération des créateurs .
Notre pays depuis 2000 s'est doté d'un outil efficace la commission permanente de contrôle des SPRD qui a su progressivement grace notamment à son regretté président Bernard Menasseyre remettre de l'ordre là où il y avait nécessité d'une plus grande rigueur de gestion et surtout par ses rapports annuels assurer une totale transparence des activités des sociétés de gestion collective tout en laissant chacun conserver ses particularités et ses modes de gouvernance.
C'était sans compter sur la technostructure européenne qui n'a pu s'empêcher avec ses gros sabots de vouloir tout règlementer d'en haut, d'imposer à tous les pays les mêmes normes,de traiter les sociétés audiovisuelles ou théâtrales comme les puissantes sociétés musicales .
Résultat qui devrait mettre en colère Michel Barnier même s'il a bien d'autres chats à fouetter une directive carrément illisible qui ne peut que complexifier la gestion des sociétés et donc augmenter les couts de fonctionnement amoindrissant par la même la rémunération des créateurs .Une directive certes corrigée par les Etats membres et le Parlement mais peut-on au montage changer un navet en palme d'or.
Que cette manie du détail des eurocrates est exaspérante, alors qu'il suffirait conformément à l'esprit de la notion de directive de fixer des objectifs, de laisser aux Etats membres la latitude des moyens pour y parvenir et de vérifier ensuite qu'ils ont été respectés avec la mise en oeuvre de moyens appropriés .
Mais non ils ne peuvent s'empêcher du haut de la science que confère un bureau au Berlaymont ou dans les environs de vouloir tout prévoir et tout normer.
Chaque voyage à Bruxelles où règne le lobbyisme le plus effréné est un chemin de croix où l'on doit prier en volapük.
Il est désespérant et consternant pour ceux qui sont attachés à l'idée de construction européenne de voir ainsi détruit ce qui devrait nous renforcer et en réalité nous affaiblit.
Oui après la fessée de dimanche dernier , il est temps de se mettre l'ouvrage pour redonner à la politique européenne confisquée par des apatrides et des incapables souffle, audace et chemin d'espérances.
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