Magie noire au Berlaymont
30 novembre 2014 par Pascal Rogard - économie numérique
Tremblez créateurs européens la commission de l'UE a décidé d'envouter le droit d'auteur.
Le droit auteur obstacle au marché unique c'est une vieille rengaine qui comme les rumeurs nées à Orléans ou ailleurs trottine dans les couloirs du Berlaymont, avait trouvé en Nelly Kroes une cantatrice à la voix haut perchée, mais n'avait pu prospérer en raison du soutien indéfectible de Michel Barnier aux principes qui fondent la liberté de la création.
Les temps ont changé la DG connect a avalé l'unité droit d'auteur et le champion luxembourgeois de l'optimisation fiscale préside la commission.
Le grand marché numérique et ses soldats entrainés aux iles Vierges sont en marche avec les promesses mille fois énoncées et jamais tenues de la création d'emplois.
Jobs,jobs, jobs ... il n'ont que ce mot là à la bouche et pensent qu'en le répétant comme une incantation vaudou , Papa Legba va miraculeusement apparaître pour en créer par millions.
Le montant annoncé pour le grand plan d'investissement européen 315 milliards d'euros a l'air faramineux mais en bon illusionniste Jean Claude Juncker sait multiplier les lapins et ce n'est en réalité que 5 milliards d'euros d'argent frais qui seront apportés.
Gageons que rien ou pas grand chose n'ira à la culture ou à la connaissance.
Mais ce qui parait probable c'est que le mot "jobs" servira de prétexte à une tentative de profonde remise en cause des droits des créateurs et de ceux qui exploitent leurs œuvres.
Le mot à bannir tellement il est gros est territorialité. Le mot à la mode : portabilité.
Il est, en effet, nécessaire de se pencher avec compassion sur le sort peu enviable des milliers de déracinés qui vivent et travaillent pour notre bien à Bruxelles et sont privés de leurs images nationales.
Plaignons le malheureux expatrié de Tallinn qui va manquer le match de l'année Estonie/Lithuanie alors qu'il peut revendiquer l'application de la jurisprudence de la CJUE dans l'arrêt " premier league ".
Tout cela ne met pas en cause les exclusivités territoriales concernant la diffusion des œuvres, mais il est si facile d'extrapoler que l'on peut prédire que la tambouille footballistique sera servie à la création européenne pour justifier une profonde remise en cause des règles d'exploitation des œuvres de l'esprit .
Et tant pis si cette question est hors du sujet de la propriété littéraire et artistique et concerne en réalité des pratiques commerciales qui n'ont rien à voir avec le vécu des auteurs.
Bertrand Tavernier a brillamment interpellé Jean Claude Juncker en lui rappelant : "je ne connais pas un auteur qui n’ait pas envie que son œuvre soit vue,
diffusée, commentée, mais je ne connais pas non plus de plus grande
injustice que de savoir cet auteur spolié, privé d’une juste
rémunération et de son droit moral."
diffusée, commentée, mais je ne connais pas non plus de plus grande
injustice que de savoir cet auteur spolié, privé d’une juste
rémunération et de son droit moral."
Comme le disait Jacques Delors :"on ne tombe pas amoureux du marché unique"
Qui est capable aujourd'hui à Bruxelles de nous parler de civilisation ?
La force de l'Europe ce sont ses créateurs , sa faiblesse la distribution numérique abandonnée aux géants américains par ceux la même qui se montreront dans quelques semaines leurs zélés serviteurs
Ce serait une étrange politique que de fortifier nos faiblesses et d'affaiblir nos forces.
Mais à Bruxelles tout est possible même le pire.
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