L’impasse
9 février 2015 par Pascal Rogard - Weblog
Confier le soin de fixer certaines règles du jeu aux professionnels du cinéma et de la télévision revient à demander à un prêtre intégriste de célébrer un mariage pour tous.
C'est pourquoi la réforme de la chronologie des médias attendra que les mœurs cinématographiques évoluent et que certains habitués de la grotte de Massabielle découvrent l'existence d'Internet .
Il avait déjà été compliqué en 2009 d'ajouter les contraintes des uns, les blocages des autres pour créer un chef d'œuvre hommage à l'immobilité capable d'enfermer les films dans une camisole de force.
Ouvrir portes et fenêtres pour aérer la chronologie est une entreprise encore plus ardue.
Les équipes du CNC épaulées par le cabinet de Fleur Pellerin ont espéré un moment tenir un projet d'accord définitif qui sans tout bouleverser avait le mérite d'introduire un peu de souplesse dans un dispositif adopté en 2009 et dont personne ne peut sérieusement contester qu'en 2015 il est obsolète.
Mais réformer la chronologie des médias revient en fait à ouvrir une boite de Pandore d'où sortent de drôles de diablotins soucieux de protéger les exclusivités , demandant au gouvernement une lutte plus efficace contre la contrefaçon numérique ou même comme certains séminaristes de Parlan de revoir le régime de la publicité télévisée.
A dire vrai la chronologie, la vraie celle qui consiste à déterminer le point de départ de l'exploitation des films pour les différents supports de diffusion n'est pas un sujet difficile à régler en respectant trois principes cardinaux : la protection des investissements dans la création ,la plus large disponibilité des œuvres pour le public et la prime aux services respectueux de notre réglementation .
Mais tels des derviches tourneurs les équipiers du petit monde censé conclure un accord tournent et retournent autour du pot au point que plus personne n'y comprend rien.
Et chacun d' ajouter sa petite dose de corporatisme, ses intérêts bien particuliers, ses envies de plaire ou de déplaire pour aboutir à la meilleure des solutions celle qui consiste à ne rien faire.
De fait confier à des professionnels le soin de fixer des règles d'intérêt général n'était pas d'une colossale finesse et c'est comme souvent à la commission européenne que l'on doit cette erreur d'appréciation qui a évincé les pouvoirs législatifs et réglementaires du soin d'intervenir .
Le droit absolu d'autoriser et d'interdire des modes d'exploitations ne devrait pas être exercé par des corporations, des groupements, des syndicats ou pour le moins être revu tous les 3 ans et faire l'objet d'un examen préalable par l' Autorité de la concurrence et le CSA en charge de la régulation audiovisuelle.
Mais pour l'heure place à la commedia dell'arte à Pantalone , Arlecchino, Brighella et à tous les Zannis.
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Commentaires (5)
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Sans aucun doute l’ironie de publier ce texte en même temps que les réactions au rapport Reda sur le droit d’auteur ne vous aura pas échappée…
Oui ça m’a échappé car il n’y a aucun rapport entre les deux sauf peut être pour des obsessionnels monomaniaques.
Questions.
Est-il si facile (et qui possède la martingale) de régler à la fois la question de la protection (récupération) des investissements par des exclusivités d’exploitation et la question de la disponibilité « universelle » des œuvres.
Et est-ce que la prime à la vertu serait la réponse, le plus vertueux (?) pouvant disposer d’une chronologie aménagée ?
Bonne soirée.
Lucien Véran. Aix Marseille Université.
Facile non possible oui . Ce qui est facile par contre c’est de mettre de la souplesse et de permettre à beaucoup de films que les télévisions ignorent d’être vu ailleurs.
bonne soirée
Que mon premier message ne vous trompe pas, je suis tout à fait pour un assouplissement de la chronologie… Et c’est d’ailleurs un des points sur lesquels on est en accord je crois.