Liberté de création

22 septembre 2023 par - audiovisuel, Cinéma, Spectacle vivant

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Tout est bien qui finit mieux !

Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture, a su mettre rapidement fin à un imbroglio qui aurait conduit à une véritable remise en cause de la liberté de création dans notre pays.

L’envoi par les DRAC révélé par le Syndeac d’un courrier demandant aux structures publiques de cesser immédiatement tout projet de coopération avec les artistes du Mali, du Niger et du Burkina-Faso avait sonné comme un véritable coup de tonnerre dans le ciel du spectacle vivant. Et pour cause : on ne souvient pas avoir vu pareille injonction à stopper toutes les relations avec des créateurs qui vivent sans doute déjà durement la situation intérieure compliquée de leurs pays.

Dès le lendemain, la ministre est revenue sur cette instruction manifestement rédigée trop vite par l’administration pour rappeler que les coopérations déjà engagées et les invitations d’artistes formalisées n’avaient pas à être remis en cause. Sage et utile décision de notre ministre ! Espérons toutefois que l’impossibilité de délivrer de nouveaux visas pour les artistes mais aussi pour les citoyens de ces pays ne sera que très temporaire et que la culture, de part et d’autre, n’aura pas à être paralysé par la crise politique en cours !

2023 sera une année particulière pour la liberté de création. Le décompte des manifestations, spectacles et concerts annulés donne déjà le vertige.

Citons pêle-mêle les concerts de Bilal Hassani et de Kali Malone annulés sous la pression de l’extrême-droite, la vandalisation du tableau de Miriam Cahn au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, les agressions contre des membres de la compagnie de Rebecca Chaillon au Festival d’Avignon….

La volonté de censurer, de violenter, d’intimider pour des raisons idéologiques et politiques n’est malheureusement pas nouvelle. Il n’en est pas moins scandaleux de constater que beaucoup d’artistes et les créateurs en sont encore trop souvent les victimes.

La défense du principe de la liberté de création énoncé dans l’article 1 de la loi du 7 juillet 2016 sur la liberté de création était de toute évidence utile et nécessaire. Elle ne s’avère aujourd’hui pas totalement suffisante pour garantir le respect partout de la liberté pour les créateurs et les artistes.

Il faudra donc remettre l’ouvrage sur le métier pour penser les outils législatifs, politiques et juridiques indispensables à l’expression d’une culture diverse, plurielle et surtout libre. C’est un combat collectif qui ne doit pas être réservé qu’au spectacle vivant ou aux arts graphiques et visuels.

L’audiovisuel et le cinéma auraient bien tort de regarder ailleurs, persuadés trop souvent que les engagements financiers – et temporaires - pris à leur égard sont la meilleure garantie du soutien à la création et à sa diversité.

Ceux-là même qui pourfendent l’ultra-libéralisme supposé du soutien mis en place par l’Etat, qui n’a pourtant pas changé depuis des années, comme l’a bien montré le sénateur communiste Jérémy Bacchi (https://www.senat.fr/rap/r22-630/r22-630_mono.html) devraient d’ailleurs se faire les avocats impénitents d’un pluralisme dans le financement du cinéma qui, seul, peut mettre à l’abri des couperets politiques ou idéologiques de ceux qui détiennent la propriété des médias.

 

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