numérique versus diversité
15 avril 2010 par Pascal Rogard - économie numérique
Un des principaux problèmes posé par la numérisation de la projection cinématographique est celui du maintien de la diversité de l'offre de films. Le numérique permet en effet en théorie aux exploitants de faire une programmation au fil de l'eau, en l'adaptant aux choix du public de façon à accroitre rapidement l'offre de fauteuils pour les films les plus demandées portant ainsi atteinte à la diversité de l'offre qui est pourtant indispensable au maintien d'un cinéma de qualité et innovant.
De plus le système de "frais de copie virtuelle" qui permet de transférer au distributeur une partie de la charge des nouveaux équipements dont il est le principal bénéficiaire a pour effet mécanique d'accélérer la rotation des oeuvres et donc de dégrader leur exposition .
Les dispositions législatives sur lesquelles le CNC réfléchit sont bien entendu les bienvenues, mais personne n'a encore trouvé les mesures adéquates permettant de concilier diversité et numérisation des salles.
Le renforcement et l'extension des engagements de programmation , l'accroissement du rôle du médiateur du cinéma dont la fonction est actuellement exercée par une personnalité incontestable et respectée Roch-Olivier Maistre sont les premiers éléments de réponse, mais la profession va devoir être inventive pour concilier l'inéluctable numérisation du parc de salles et le maintien d'un pluralisme de l'offre que tous les autres pays nous envient.
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Commentaires (9)
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> De plus le système de « frais de copie virtuelle » qui
> permet de transférer au distributeur une partie de la
> charge des nouveaux équipements dont il est le principal
> bénéficiaire a pour effet mécanique d’accélérer la
> rotation des oeuvres et donc de dégrader leur exposition.
Insinuation qui vous est propre.
Dans la réalité, c’est tout autre.
Ce n’est pas une insinuation mais la réalité.
Un bon conseil allez télécharger sur le site du Cnc le rapport Goudineau , prenez connaissance de l’avis de l’autorité de la concurrence sur les propositions du Cnc pour favoriser la numérisation des petites salles et vous comprendrez un problème qui n’a rien a voir avec ceux dont nous débattons habituellement.
Bonne journée
Merci de me fournir les liens vers l’autorité de la concurrence, document que j’ai d’ailleurs lu dès sa sortie.
Je reviens donc sur votre insinuation, ou plutôt devrais-je dire l’insinuation du CNC: Ce n’est malheureusement pas la réalité, c’est votre vision des choses.
Et ce n’est pas parce que le CNC, retoqué par le conseil de la concurrence, publie un rapport pour faire avancer son propre dossier auprès des instances que cela change la réalité du terrain.
Le passage au cinéma numérique permettra de proposer plus de choix et d’être plus mobile dans la programmation, mais de voir là un effet pervers qui va amener une rotation des oeuvres pour le seul but et fait des distributeurs est juste une très grosse insinuation.
De plus, a choisir entre payer un VPF pour chaque nouvelle copie (donc le distributeur paye ce VPF) ou bien laisser un film plus longtemps pour ne pas payer le VPF mais toucher plus de royalties (répartition entre l’exploitant et le distributeur), je crois que le choix est assez rapidement fait, vous ne croyez pas ?
Ou alors on ne s’est pas compris sur le sujet de votre post. Laisser supposer que le pluralisme de l’offre peut être amené a disparaitre avec le cinéma numérique mais en même temps parler de « rotation des oeuvres » qui s’accentue avec ce même cinéma numérique, j’ai du mal a vous suivre en définitive 😐
Le rapport Goudineau a été publié bien avant l’avis de l’autorité de la concurrence qui ne concerne pas directement la diversité de la programmation mais le dispositif prévu par le Cnc pour aider mes salles les moins rentables a s’équiper en projecteurs numériques .
En ce qui concerne la programmation, le numérique permet aux distributeurs avec un coût supplémentaire faible en frais d’édition d’accroître sensiblement le nombre d’écrans . D’où un risque pour la diversité.
En effet, le rapport Goudineau a été publié avant l’avis de l’autorité; Cependant cela ne change pas de beaucoup ma conclusion sur ce rapport: celui de pousser en avant le dispositif prévu par le CNC (ou plutôt par le CIN).
Concernant le coût supplémentaire, vous parlez de quoi exactement ? je suis interrogatif, la copie est -pratiquement- au même tarif que la copie 35mm (coût de copie unitaire + VPF); Pour le coût de la distribution, cela s’effectue soit par réseau, soit par disque dur, l’un comme l’autre ont des coûts, je ne vois vraiment pas et en toute bonne fois où vous voyez un « coût supplémentaire faible », peut⁻être moindre, mais faible, je trouve cela cela un peu trop extrème comme conclusion.
Pour le risque de la diversité, je vois difficilement le problème, un exploitant reste maitre de son exploitation quoiqu’il arrive, il peut donc accepter ou refuser un contenu culturel. J’aurais même une conclusion inverse: avec un large choix, l’exploitant pourra choisir ou non tel ou tels contenus. (quitte a jouer avec les prix avec le distributeurs, mais là, c’est un autre débat)
Appeler les films contenus c’est assez effrayant.
Franchement vous devriez potasser le sujet car s’il est une chose admise par tous c’est que le coût des copies numériques est nettement inférieur à celui des copies analogiques.
Sur la diversité, il est clair que la pluspart des exploitants cherchant a maximiser leurs profits augmenteront le nombre de salles disponibles pour les films a succès au détriment d’une offre élargie .
Quelle diversité ?
Il est clair que si le VPF est payé par salle et par film nouveau indépendamment de la durée d’exposition, la salle a intérèt a zapper le plus vite possible les films pour maximiser sa ressource en VPF. Mais outre que le distributeur a un intérèt contraire, il faut aussi calculer, pour l’exploitant, le coût d’opportunité à déprogrammer un film qui remplit la salle. il y a d’ailleurs là une opposition classique dans un contexte de rareté des écrans entre diversité d’offre et durée d’exposition.
L’équation est complexe si l’on y intègre le jeu des taux de location dégressifs. Une formule mixte qui intègrerait la durée d’exposition, une multiprogrammation intelligente (voir les « Utopia » ou les « Sémaphore ») et les efforts d’animation serait moins mécanique d’un VPF purement quatitatif.
Mais l’essentiel de la question est peut être ailleurs, la salle numérisée est un outil polyvalent où les films de cinéma ne seront rapidement qu’une partie de l’offre. Si l’on y ajoute la numérisation de la gestion des publics(une affaire en marche) les intérèts des uns et des autres risquent de diverger plus encore.
J’entendais le maire d’une ville de province se demander comment utiliser « sa » salle désormais numérisée pour retransmettre les conseils municipaux et les principales manifestations sportive locales. Avis aux petits génis des modèles économiques et des financements croisés, les VPF financeront-ils indirectement les équipes de sport amateurs ? A moins que ce soit, dans d’autres contextes, le sport professionnel qui permettent aux salles de se passer des VPF et/ou de négocier des taux de location plus bas ?
Bonne journée.
Lucien Véran.
Le hors film pourrait être effectivement un problème mais des discussions que j’ai eu avec des exploitants il me semble que cela restera marginal.
Le Cnc a préparé un projet de décret penalisant l’exploitant au titre de la diffusion d’événements .
Il me semble toutefois absurde de pénaliser la diffusion d’evenements culturels comme les retransmissions d’opéra qui marchent bien en Amérique du Nord.
Quant à se déplacer dans une salle de cinéma pour suivre en direct la retransmission d’un conseil municipal,sauf événement extraordinaire cela me parait plus théorique que réel.
Pour les salles municipales ou associatives (qui sont très nombreuses) je suis d’accord, les web-tv font plus réver nos édiles locaux.
Quand à la pénalisation des salles aux revenus diversifiées je crains que cela se retourne contre la diversité recherchée en matière d’oeuvres de fiction.
il serait interessant d’avoir la position des exploitants mono-écran ainsi que des grands réseaux.
Bonne journée.
Lucien Véran.