L’affichage parasite
18 septembre 2011 par Pascal Rogard - audiovisuel
Venu à la Sacd à la rencontre des auteurs, le Président du CSA, Michel Boyon a bien sûr expliqué les missions de son institution, sa vision du paysage audiovisuel et commenté son récent rapport sur l'évolution de la télévision numérique
terrestre.
Le dialogue s'est véritablement engagé sur le respect des œuvres, scénaristes et réalisateurs étant exaspérés par la multiplication des logos, le non-respect des formats de diffusion et plus récemment le surgissement de l'affichage dynamique censé guérir cette maladie qui terrorise les responsables des chaînes : le zapping.
Défendant la signalétique du CSA, Michel Boyon a toutefois reconnu que les œuvres audiovisuelles ne devaient pas être traitées comme de vulgaires paillassons et promis d'étudier la question du format de
diffusion ; une règle générale étant indispensable quand le droit moral que peut revendiquer chaque auteur est subordonné à la contrainte économique qui impose soumission aux caprices des diffuseurs .
C'est sur l' affichage dynamique qu'il a qualifié d' "affichage parasite" que le président du CSA s'est montré le plus sévère.
Il est vrai que l'intrusion brutale dans les génériques - certaines fois sur les dernières images du film et quand le technicien s'endort en pleine action - d'incrustations témoigne d'un singulier mépris du public que malheureusement l'arrivée de la Télévision connectée ne peut qu'accentuer.
La Sacd a saisi depuis plusieurs mois l'autorité de régulation de cette question.
Espérons qu'après une nécessaire concertation, des décisions seront enfin prises pour restaurer une qualité de diffusion conforme à la tradition française du droit d'auteur.
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Commentaires (3)
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Mauvais calcul ?
Les mêmes diffuseurs qui craignent que la TV connectée ne produise des images composites, des supports d’hyperliens et de logos (en supplément du leur) semblent penser qu’une œuvre puisse servir facilement de support de teasing de dernière minute pour une autre.
Mais outre le fait que cela puisse perturber un « cliffhanger » de dernier moment, ou une chute bien pensée, rien ne garantit (sauf étude à venir) que ces panneaux indicateurs de ce qui va suivre n’accélèrent pas au contraire le zapping. En annonçant que plus rien ne peux se passer d’important sur la fiction en cours, ils peuvent agir comme des autorisations à en finir et à aller voir ailleurs.
Bonne journée.
Lucien Véran.
Université Paul Cézanne – Euromed Marseille.
Bien vu, dégrader la qualité du programme n’est certainemment pas le meilleur moyen de dissuader le téléspectateur d’aller voir ailleurs.
Et vive Paul Cézanne.
C’est une pertinente remarque de Lucien Véran, valable également pour les génériques ultra-rapides qui ont pour but d’empêcher le zapping et le provoquent, au contraire !
Ah qu’il était bon ce temps où un déroulant de fin de film nous permettait de redescendre de la belle colline de nos émotions ! Aujourd’hui, nos oeuvres deviennent des yaourts en tête de gondole…
C’est une excellente chose que la SACD ait enfin entrepris cette démarche de faire respecter la fin des oeuvres auprès du CSA, que les réalisateurs du Groupe 25 images ont rencontré en juillet sur ce thème.
Car il n’y a pas que l’habillage « parasite », inventé par des informaticiens qui se prennent pour des artistes, avec le marketing au-dessus de leur tête.
Mais aussi hélas le recadrage anarchique (16/9ème en 14/9ème… Zoom pour supprimer les bandes noires (ça fait « cinéma »-sic-)… Massacre des bandes sons par compression et invraisemblables disparités de niveau d’un diffuseur à l’autre… Niveau de lumière augmenté en régie finale au mépris des réalisateurs et des chefs-ops (il faut tout voir, on n’est pas au cinéma » -resic !-). Sans parler des remontages ou suppressions de plans ou des séquences effectués, sur des épisodes étrangers, par des cellules clandestines intégrées à certaines chaînes…
Restons tous vigilants. La qualité d’un film dépend des auteurs et producteurs, mais aussi en bout de chaîne, de la façon dont le diffuseur le valorise… ou s’en débarrasse…
Bonne soirée devant un film, fiction ou documentaire. Ou au théâtre.