Le théâtre et son public

9 mars 2013 par - spectacle vivant, Weblog

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Si vous essayez d'obtenir des chiffres exhaustifs et complets sur le spectacle vivant , semblables à ceux que le Cnc communique régulièrement pour le cinéma , inutile de perdre votre temps, ils n'existent pas.
Côté  professionnels et ministère de la culture, on réfléchit depuis plusieurs années à cette question , on réunit des groupes de travail , sans résultat.

Car si le milieu fait semblant de souhaiter la transparence, air du temps oblige , en réalité il ne la souhaite pas.
Par contre, il ne manque  pas d'études plus ciblées qui décortiquent tel ou tel aspect des pratiques théâtrales.
La dernière en date réalisée par Dominique Pasquier pour le Département des études de la prospective et des statistiques (DEPS) du Ministère de la Culture et de la communication  s'intéresse au public du théâtre sous l'intitulé "Sociabilités et sortie au théâtre".
L'introduction est assez cinglante pour le théâtre public et le concept toujours rabâché de théâtre populaire.
" Les chiffres sont sans appel. Les individus les moins diplômés, ceux qui vivent en dehors des grands centres urbains, et/ou qui exercent des professions peu qualifiées, ne sont jamais allés au théâtre de leur vie, et n’iront certainement jamais. Car le théâtre fait partie de ces pratiques culturelles intimidantes qui résistent à toutes les politiques de subventions. En même temps, le théâtre est une pratique polymorphe : il n’y a pas grand chose de commun entre le spectateur d’une petite salle de café théâtre et celui d’une création contemporaine jouée sur une grande scène subventionnée. Pas grand chose non plus entre l’abonné assidu des centres urbains et le provincial qui profite d’un séjour à Paris pour aller voir une pièce du théâtre privé dont il a entendu parler à la télévision. Il ne faut pas sous estimer l’hétérogénéité culturelle qui se profile derrière la relative homogénéité sociale du public des spectateurs. Le choix des pièces ne répond ni aux mêmes critères ni aux mêmes intentions. Les contextes sociaux de la sortie sont variables. Les raisons de la faire aussi. Il y a de multiples publics du théâtre : des publics à la recherche d’une expérience esthétique déconcertante et d’autres qui veulent passer une soirée amusante. Des publics cérémonieux et d’autres décontractés. Des amateurs éclairés et des spectateurs purement occasionnels. Des familles qui vont voir les grands classiques recommandés par l’école et des jeunes qui ne fréquentent que les spectacles de danse hip hop. Selon les types de théâtre, les lieux, les pièces, se réunissent des spectateurs qui sont mus par des exigences et des attentes très différentes. "

Le théâtre par rapport au cinéma ou à la lecture semble cumuler les handicaps :la prescription médiatique a une faible influence, la critique a du mal à s'adapter au temps court du théâtre public, même si le théâtre privé , concentré à Paris peut profiter en cas de succès de la durée qui permet une meilleure exposition médiatique.

Et puis la prescription qui crée l'effet bouche à oreille semble plus complexe car le coté difficile d'accès du théâtre rend la recommandation plus intimidante voire "compromettante". Et puis au théâtre, quand on y sort on ne veut surtout pas se tromper.

De cette étude très complète , ressort l'impression que le théâtre a sans doute encore beaucoup à apprendre sur son public, mais surtout sur les nouveaux services à mettre en oeuvre pour en faciliter l'accès ou la recommandation.

Demain, ce seront peut-être les pratiques culturelles qui en paraissent les plus éloignées qui bénéficieront de l'essor des services numériques et des facilités d'accès qu'ils procurent favorisant ainsi l' inacessible démocratisation culturelle.

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