Carthago delenda est
2 juillet 2013 par Pascal Rogard - Weblog
Qui a lu le rapport signé par Jean Jacques Queyranne sur les aides aux entreprises, remis récemment à Arnaud Montebourg ministre du redressement productif ?
Dans les milieux culturels, peu de gens, à l'exception sans doute d'une poignée d'individus qui savent que l'enfer de Bercy est pavé de mauvaises intentions dissimulées sous le mot d'ordre de la modernisation .
Et bien ce rapport ne propose ni plus ni moins que de mettre à bas la politique de soutien au cinéma et l'audiovisuel telle qu'elle s'est développée depuis l'après guerre autour de cet outil resté incomparablement moderne qu'est le CNC qui de rapport en rapports fait désormais figure de citadelle assiégée.
Il est étrange qu'un président de région aussi bien intentionné à l'égard de la culture et la création que Jean Jacques Queyranne, ayant au surplus une fine connaissance des mécanismes d'aides ait pu cosigner un document qui propose d'abaisser les ressources du CNC à leur montant de 2008 dans la perspective rêve ultime des technos de Bercy de mettre fin à son autonomie budgétaire et de s'approprier les ressources procurées par les taxes parafiscales destinées à financer la création.
Q'un spécialiste des volets roulants ou un inspecteur des finances fin connaisseur des techniques de blanchiment puissent à ce point se fourvoyer n' a au contraire rien d'étonnant.
Pour l'éviter il aurait, au moins, fallu qu'abordant une terra incognita, ils se munissent de boussoles et viennent à la rencontre des sauvages qui peuplent les territoires de la création.
Ainsi donc ce bastion de la création française qu'est le CNC doit comme Carthage être détruit . Pour ce faire trois méthodes dignes des médecins de Molière : la ponction, l'écrètement , la budgétisation.
Et pour couronner le tout un dogme bruxellois la création cinématographique et audiovisuelle n'aurait rien à voir avec l'internet comme si cette révolution technologique n'impactait que les rencontres entre adultes consentants ou la réservation de chambres d'hôtels
Rien n'est encore définitivement joué , mais ce qui doit se décider, c'est le maintien d'un systéme fer de lance de l'exception culturelle que tous les cinéastes et les responsables des politiques de développement de la création en Europe nous envient d'autant plus que ses résultats positifs sont incontestables.
Abattre l'autonomie budgétaire du CNC serait une faute lourde et irréparable.
Espérons que la nouvelle présidente du CNC Frédérique Bredin dont on connait la pugnacité et la vista saura éviter à l'institution dont elle a désormais la charge les périls qui menacent ses fondements et par la même la continuité des politiques de soutien à la création
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Commentaires (1)
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Plutôt que de compter sur (les subsides de) l’état… comptez sur vous mêmes: Avec une situation post guerre mondiale ou il fallait aider bien des secteurs, surtout avec la position dominante US qui s’annonçait, la décision d’alors était logique. Désormais, le secteur créatif chez nous vit toujours d’aides et d’obligations de diffusion. Faute à avoir su devenir attractif et concurrentiel mondialement pour un pays dont la langue reste quand même très diffusée au niveau mondial.
Il y a un moment ou une bonne diète fait fondre la mauvaise graisse et partir d’un pas plus léger ce qui le peut encore…