Au delà de cette limite votre FCV n’est plus valable

5 octobre 2016 par Pascal Rogard - Weblog

© Columbia pictures

Deauville c'est pour le grand public le festival du film du cinéma américain où l'on croise sur les planches les plus grande stars d'Hollywood.

Mais pour les professionnels Deauville c'est le congrès des exploitants de salles de cinéma où les distributeurs viennent présenter les prochaines sorties et de nombreux débats internes ou publics qui permettent de saisir l'humeur des professionnels et de comparer avant l'arrivée de l'automne la qualité des crèmes de bronzage.

Le congrès n'a pas dérogé à la règle d'or qui lui attribue cinq étoiles en raison du talent de l'équipe dirigeante de la FNCF qui allie qualité des débats et efficacité dans la convivialité.

Il fait bon passer quelques heures sur la côte normande  au milieu de passionnés du cinéma et ce n'est pas Nicole Garcia  vivement émue d'être honorée cette année pour son oeuvre qui me démentira.

Il fait bon retrouver Axel Brucker en mode seul en scène se moquant gentiment de Nicolas Seydoux en le comparant à De Gaulle un général qui n'aurait pas encore réussi à refouler les envahisseurs pirates en dehors de nos frontières .

Cette année les responsables du congrès avaient eu l'intelligence de consacrer une table ronde  à " la diffusion du cinéma à l'ère numérique :grand écran, télévision, nouveaux médias " une thématique ne concernant pas directement l'exploitation mais capitale pour elle car la bonne santé de la production française est une des conditions du maintien d'un haut niveau de fréquentation.

Un débat qui réunissait un concentré d'intelligence  avec Karine Berger ,Pierre Jean Benghozi, Jan Runge, Alain Sussfeld, Marc Tessier et Thomas Valentin et a permis de mieux comprendre les risques d'une dérégulation importée par les géants de l'Internet qui profitant de la béance des règles européennes installent une concurrence déloyale qui pénalise la création.

Autre sujet remarquablement mis en scène par  Maxime Saada la chronologie des médias que le directeur général de Canal plus souhaite voir modifier avec une programmation des films réduite à six mois  après leur sortie en salles .

Un hommage posthume mais sans doute involontaire à André Rousselet qui avant le démarrage de la chaîne ferraillait avec les professionnels pour faire de sa petite entreprise la voiture balai du cinéma en salles.

Richard Patry a fermement répondu que les salles avaient déjà donné et qu'il était hors de question de toucher à leur fenêtre de totale exclusivité.

Réponse claire  mais légèrement à coté de la question posée car le sujet est en réalité celui de la chronologie après l'exclusivité des salles et la nécessité de repenser avec l'aide précieuse de paléontologues un accord vieillot et ringard qui n'offre pas l'élémentaire souplesse justifiée par la diversité des films et de leurs conditions d'accueil par le public.

Et puis lors de l'après midi consacré au débat avec les pouvoirs public ce fut un grand moment de télévision le retour de " la caméra explore le temps " avec la réapparition abrupte des éternelles querelles entre exploitants et distributeurs sur le partage de la recette.

La demande de l'exploitation de maintenir une contribution de la distribution à l'équipement numérique des salles en prolongeant  la durée des frais de copie virtuels au delà du délai légal de 2020 ou de la période d'amortissement a mis le feu aux poudres entrainant une courageuse et justifiée réponse (23 minutes montre en mains) de Victor Hadida président de la FNDF.

Bref c'est reparti comme en 14 et le sujet ne manquera pas de nourrir les débats de 2017 dans une profession aussi prompte à se déchirer qu'à s'embrasser.

Enfin une fois n'est pas coutume félicitons le CNC et son équipe de direction sous la présidence de Frédérique Bredin pour les initiatives ayant abouti au rapport de Jean Marie Dura sur la salle de cinéma de demain et la création du prix de la salle innovante remis à l' Atalante à Bayonne par l'éblouissante Cécile de France .

Quelle belle idée de récompenser le travail des exploitants et bravo à celui qui l'a eue et mise en oeuvre.