Paroles paroles
5 novembre 2016 par Pascal Rogard - Weblog
Jacques Cresta est député des Pyrénées-Orientales et membre de la Commission des affaires culturelles de l'Assemblée Nationale.
Il est aussi manifestement un homme de bon sens qui ne prend pas les vessies pour des lanternes et comprend vite là où les entourloupes peuvent se cacher, à en juger par le rapport qu'il vient de rendre public sur le contrat d'objectif et de moyens de France Télévisions.
Lisons-le : "Le rapporteur observe que le projet de COM porte également un engagement tout particulier de « partenariat renouvelé avec les auteurs ». Le groupe indique s’engager à « poursuivre une véritable relation partenariale avec les auteurs et à nourrir un dialogue constant avec leurs organisations représentatives, dans le but de soutenir et de stimuler l’innovation, la diversité et la qualité de la création française dans une relation de confiance privilégiant la transparence, dans le cadre du triptyque auteur-producteur-éditeur ». Le rapporteur s’interroge sur la portée réelle de cet engagement qui lui semble à tout le moins impliquer une association des auteurs aux discussions qui auront un impact essentiel tant en termes de rémunération que de visibilité de leurs œuvres
Un homme de bon sens, disions-nous, car en effet, il n'est pas le seul à s'interroger sur ce que recouvre ce partenariat supposé renouvelé entre le service public et les auteurs.
Il n'est pas le seul non plus à être convaincu que lorsque des négociations s'ouvrent, elles doivent impliquer tous les partenaires concernés.
L'occasion s'offre d'ailleurs de donner du sens à ce partenariat avec le début de négociations sur la politique de France Télévisions en matière d'animation.
En discussion : l’investissement des chaines et la diffusion des œuvres d'animation d'expression originale française sur les antennes et les supports du groupe public. Autant de sujets structurant et qui auront un impact et des traductions directes et concrètes pour les auteurs d'animation.
Mais, pour l'instant, les auteurs sont comme soeur Anne, ils n'ont toujours rien vu venir à part "le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie." C'est peu .
Comme des chenapans trop mal élevés pour être admis à la table des adultes, les auteurs sont mis au ban, le service public préférant le huis-clos et l'entre-soi des habituelles négociations avec les producteurs indépendants qui eux ne veulent pas des auteurs car les garnements risqueraient de leur rappeler que l'intérêt général doit primer sur leurs intérêts particuliers
Plutôt que de parvenir à la conclusion d'un accord tripartite entre le diffuseur, les auteurs et les producteurs, consacrant ainsi les engagements sur plusieurs années du service public dans la création jeunesse et d'animation, c'est la seule voix du commerce et des marchands qui semble être privilégiée.
C'est un choix, mais ce choix n'est pas digne du service public et il est clairement incompatible avec l'idée du partenariat renouvelé avec les auteurs sauf à faire du double langage et des engagements du COM une mauvaise imitation d'une célèbre chanson de Dalida.
C'est un choix aussi inquiétant pour les auteurs quand on connaît la capacité des producteurs à sacrifier les engagements de diffusion des œuvres contre de l'argent sonnant et trébuchant au profit de la production indépendante.
Il n'est d'ailleurs pas nécessaire de remonter très loin pour se rappeler que c'était exactement la logique de l'accord intervenu en début d'année entre les producteurs et GULLI avant que le CSA n'intervienne fermement et que GULLI n'accepte, à la suite d'échanges constructifs et positifs avec la SACD, de relever le niveau de son quota de diffusion d'oeuvres d'animation d'expression originale française.
C'est également une mauvaise méthode qui laisse de côté, dans la définition d'une ambition commune pour la création, celles et ceux, les auteurs, qui sont sans doute les meilleurs défenseurs de l'audiovisuel public et les plus attachés à l'indépendance, à l'exigence, à l'originalité et à la diversité qu'il est censé incarner.
Il n'est jamais trop tard pour bien faire, mais attention au facteur il sonne toujours deux fois.
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Commentaires (1)
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Ceci n’est pas un message ironique
Bravo pour la fermeture de zone téléchargement, il est grand temps de fermer tous ces sites de m****. Même s’il y a quelques problèmes avec la chronologie des médias, l’offre légale est bien présente et mérite d’être encouragée/soutenue.
J’espère que vous maintenez la pression sur les candidats à l’élection présidentielle 2017.